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Review : Trance de Danny Boyle

Review : Trance de Danny Boyle
François Provost

Review Overview

Réalisation
2
Acteurs
5
Bon sens
1
Originalité
2
Film de petit malin autosatisfait
10
4

Rating

D'une pauvreté et d'une vulgarité ahurissantes, le dernier Boyle essaie d'en foutre plein la vue pour cacher la misère. Las.
Danny Boyle, c'est comme Sega : c'est plus fort que toi

Danny Boyle, c’est comme Sega : c’est plus fort que toi

Avec ses tics incessants de pubard et ses prises d’otages visuelles et émotionnelles, Danny Boyle a fini de supplanter Guy Ritchie au rayon des réalisateurs anglais régulièrement conspués par une partie des critiques, et en général, adorés du public. Qu’on aime ou qu’on déteste ses deux derniers films, Slumdog Millionaire et 127 Heures, tous deux très commentés, Danny Boyle laisse rarement indifférent : à fuir ainsi les étiquettes qu’on s’acharne à lui coller, le réalisateur trouve toujours une nouvelle façon de s’exprimer… quand bien même l’analphabète en lui finit par prendre le dessus.

Trance s’amorce comme un film de casse dans le monde de l’art, continué dans son élan par des tensions internes entre malfrats en mal de confiance, le tout saupoudré de la dose de mysticisme inhérent à une pratique mal comprise (ici l’hypnose) : Danny Boyle s’entiche de différents genres, les fait se télescoper, et jette des parpaings de pistes destinés à enrichir son récit à mesure que celui-ci se délite sous le poids de ses intrigues superficielles. Parti sur une intrigue à tiroirs dont il jure par tous les saints qu’il en est bien le chef d’orchestre (alors qu’en fait, il est complètement dépassé), le réalisateur use et abuse d’un montage à l’emporte-pièce destiné à maquiller sa structure – simple camouflet pour détourner l’attention.

Pour achever de se donner une dimension labyrinthique, sortant dès lors du sympathique thriller psychologique et urbain qu’il essayait d’être, le film joue sur les niveaux de rêve et de réalité dont Inception – en bien ou en mal – s’est fait la référence immédiate. Trance patauge dans la mare et n’a recours qu’à cette confusion des genres (souvenirs, visions, rêves, projections) pour espérer gagner du temps. Et le film entier repose sur ce gimmick de trouble, hérité uniquement de son agencement. Fatigant.

Danny, arrête t'es grillé

Danny, arrête t’es grillé

Monté comme un clip aux couleurs criardes, aux plans achalandés et régulièrement décadrés, le film essaie de nous rendre complice de son larcin, avec ses œillades de connivence et des regards caméras façon « Comme on se retrouve, vous m’avez manqué« . Le réalisateur ne cache plus depuis longtemps son amour du plan gratuit, toujours aussi prédominant, dans des tentatives pour la plupart hasardeuses d’instaurer une ambiance digne d’un Pornochic. Qu’importe au final ce qu’il raconte, tant on connaît déjà la chanson : au registre de l’intrigue à tiroirs, le spectateur est souvent perdant, fait ici avéré dans un développement grossier à base de vengeance et de survie, faux film psychologique et vrai piège à con, déroulant son fil jusqu’à un final précipitant tout son petit monde dans des abimes de mauvais goût, plus particulièrement marquant qu’il fait largement appel à une psychologie de pacotille. Dans son récit, Danny Boyle fait de plus preuve d’un manque de subtilité proche de la bouffonnerie : Danny date Rosario, il en est très heureux, et ça se voit à l’écran.

Le plus embêtant, c’est que le reste de son casting se défend pourtant bien : Vincent Cassel sort enfin du cabotinage hérité de l’usage d’une langue étrangère, quand bien même son rôle de malfrat sophistiqué ne lui laisse pas la plus subtile des marges de manœuvres. À l’affiche ces jours-ci de deux films anglais dont il est l’acteur principal (avec Welcome to the Punch), James McAvoy pouvait par contre rêver meilleure promotion. Certes plus expressif que jamais, c’est toujours les coudées franches dans l’excès qu’il se soulage, semblant se libérer soudainement du poids du jeune homme bien sous tous rapports qu’il incarnait jusqu’à présent (et ça devrait continuer dans ce sens avec Filth).

À l’image de sa « délicate » affiche, Trance est un film qui se veut malin et singulier. Toujours soucieux de garder une longueur d’avance sur son public pour espérer l’embobiner, le film se regarde abattre ses cartes de façon très satisfaite… mais à force d’embrasser des enjeux complètements vains, celui-ci brasse du vent et s’épuise sous le poids de sa propre superficialité. Lorsqu’on nous inflige pour la énième fois un regard caméra, qui demande, l’air concerné : « Do you want to remember or do you want to forget ?« , le choix est des plus évidents en fin de séance.

Un article publié en parallèle sur Geek me hard.

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